Nouvelle rubrique dans MotoRétro, la parole est maintenant aux experts,
Ce soir, ma Vincent Comet met le feu
Petite aventure d’un Vincentiste blessé dans son amour-propre.
J’ai eu la fierté de posséder une belle Vincent Comet-Meteor (N°moteur et RFM de Météor, UFM de Comet) ; après une belle restauration l’an passé, je l’avais, pour plus de commodité, équipée d’un Amal concentrique MK1 qui me donnait toute satisfaction. La magnéto, qui n’avait pas été touchée deouis sa naissance, me donnant quelques soucis de démarrage à chaud, je l’ai envoyée en Angleterre pour révision totale (good job).
Donc, à Noël, je repose la nouvelle mag et comme je trouvais que la tronche du carbu concentrique manquait de cohérence sur cette machine vénérable, je décide de remettre le carbu original à cuve séparée (restauré aux petits oignons par H.Hamont).
Vint alors le moment si apprécié par tout amateur de restauration : le démarrage (je rappelle que la moto sort d’une restauration totale) En général et sans prétention, j’ai toujours eu la joie de voir mes efforts récompensés par un démarrage immédiat. Mais cette fois ci, rien ! ou presque rien, un petit pet de temps en temps, juste de quoi vous inciter à remettre un autre coup de kick. Avant de mettre en cause une quelconque erreur de réglage, j’accuse mentalement le carbu et je le titille à l’excès, jusqu’à ce que le trop-plein génère une petite flaque d’essence sous la machine.
Après un dernier vigoureux coup de kick soldé par un gros « VLOUP » côté échappement, une drôle de sensation de chaleur au niveau de ma jambe gauche m’oblige à baisser les yeux. Hé oui, retour de flamme à l’échappement, et mise à feu de la petite flaque ! Vite, je pousse la moto d’un mètre, mais trop tard : la cuve du carbu était en flamme (la moto était heureusement dehors dans la cour de la maison). Surtout pas d’eau sur de l’essence enflammée m’a-t-on dit un jour (pourtant, le tuyau d’arrosage n’était pas trop loin), alors, j’attrape une vieille couverture pour étouffer le début d’incendie, mais comme la cuve du carbu était pleine jusqu’à vomir son trop-plein d’essence, la couverture imprégnée de carburant a brûlé de plus belle ; le robinet d’essence : vite, le fermer !!
Impossible ! la chaleur a fondu le plastique et le levier me reste dans la main ; entre-temps, un peu d’essence que j’avais sur les doigts en profite pour s’enflammer et je cours l’étouffer sous une autre couverture.
Là, gros moment de découragement : main brûlée (je ne le sentais pas encore), je contemple le tableau avec désespération : couverture en flamme, le réservoir, qui , léché par les flammes, était si chaud que je voyais et entendais les vapeurs d’essence fuser par l’évent du bouchon de réservoir, la durite du robinet côté droit, chassée par la pression, avait sauté et l’essence giclait sur la dynamo, attisant l’incendie. Tout pouvait sauter d’un moment à l’autre.
Avec un grand et frustrant sentiment d’impuissance, désespéré par la perte d’une œuvre majeure de l’industrie motocycliste, je pare au plus pressé : je cours avertir mon épouse qui était dans une pièce voisine, de l’imminence d’une explosion grave afin qu’elle’ s’éloigne de la fenêtre (le réservoir était plein).
Au lieu de s’éloigner, elle me rejoint pour voir ! et me crie d’attraper le tuyau d’arrosage. Après tout, perdu pour perdu…Avec le sentiment que j’allais faire une grosse bêtise et que je risquais d’en recevoir plein la figure d’un moment à l’autre (mais comment laisser cramer sans rien faire un tel témoignage de l’histoire de la moto ? Et ma moto, qui plus est !).
Je branche le tuyau, ouvre le robinet à fond et j’arrose la machine (la pauvre, quand je pense qu’elle n’avait encore jamais reçu une goutte d’eau !) et là, oh miracle, tout s’éteint ; silence pesant, cœur battant, sifflement dans les oreilles, mais non, incendie bien éteint.
Vient alors l’inspection des dégâts et en fait, rien de très méchant : beaucoup de noir de fumée, mais pas de dégât de peinture (sauf le carbu et sa cuve) : réservoir intact, mais couverture de selle brûlée, régulateur de la dynamo fondu, et puis, quelques durites, tous les câbles fondus et autres bricoles. (Comment tout cela n’a pas explosé, je ne comprends toujours pas).
Le pourquoi du comment : acharnement imbécile à vouloir démarrer une machine mal réglée : lors du calage de la magnéto, j’avais commis une bête erreur : calage à 4° à pleine avance et non plein retard. Je n’en suis pas à mon premier calage, mais j’ai effectué celui là pendant mes congés avec pas mal de personnes dans l’atelier autour de moi dont ma belle-mère (il faut bien se trouver quelques excuses)
Le mois suivant, la Météor sillonnait de nouveau les petites routes du Maine et Loire. La moralité de cette histoire : un moteur bien réglé démarre sans problème ; s’il ne veut pas, c’est que vous avez mal travaillé. Alors, n’insistez pas, mettez un mouchoir sur votre amour-propre et cherchez l’erreur.
Après quelques coups de chiffons, voilà le résultat...